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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 23:41

Hollande déjeune avec BHL : ce retour à la gauche caviar est une erreur tactique

LE PLUS. Le candidat socialiste à la présidentielle a rencontré l'intellectuel le plus controversé de France, dans un restaurant étoilé qui relèguerait le Fouquet's au rang de la simple brasserie populaire. Daniel Salvatore Schiffer s'interroge : pourquoi cet homme censé rassembler la gauche fait-il cette erreur stratégique ?

Il y avait longtemps, depuis la mort de François Mitterrand, que l’homme de gauche que je suis, social-démocrate convaincu et même libertaire avoué, ne s’était plus autant réjoui, comme je le fis avec François Hollande lors de son récent meeting au Bourget, du discours d’un candidat à l’élection présidentielle française.

Certes ne passerai-je pas ici mon temps – d’autres, et plus compétents que moi, l’ont déjà fait à longueur d’éditoriaux – à analyser le contenu de ce qui restera sans aucun doute ainsi, dans les annales de l’histoire du Parti socialiste, comme l’une des meilleures, par l’indéniable force comme par l’apparente sincérité des idées qui y étaient défendues, des déclarations politiques. Dont acte !

BHL, médiatique opportuniste

Ce qui, en revanche, ne laisse pas de me surprendre, chez ce même François Hollande, c’est la facilité, pour ne pas dire la rapidité, avec laquelle il vient de se laisser convaincre par Pierre Bergé, (milliardaire) mitterrandien de longue date en même temps que l’un des nouveaux patrons du journal "Le Monde", d’accorder un très stratégique déjeuner aux saveurs indubitablement médiatiques, dans un des restaurants les plus chics du VIIIe arrondissement de Paris, non loin donc des ors de l’Elysée déjà, avec Bernard-Henri Lévy.

Que BHL, en bon opportuniste qu’il est, tente de se rapprocher à présent de celui qui sera peut-être bientôt à la tête de l’Etat, après l’avoir toutefois superbement ignoré lorsqu’il n’était encore que le secrétaire général du PS, lui ayant même toujours ouvertement préféré Ségolène Royal, puis Dominique Strauss-Kahn et encore Martine Aubry, ce n’est guère là chose étonnante : BHL, après tout, à la droit, fût-ce à l’instar de très mécaniques girouettes, d’adapter ses préférences personnelles, tout autant que de modifier son positionnement idéologique, en fonction de la direction des vents, lesquels, en l’occurrence, ne sont d’ailleurs pas, en outre, contraires !

Ont-ils oublié les diatribes anti-mitterrandiennes de BHL ?

Mais, enfin, François Hollande, tout comme Pierre Bergé, aurait-il oublié là, lui, que la mémoire ne devrait pourtant pas trahir en ces très cruciales circonstances, ce que Bernard-Henri Lévy avait osé dire, entre autres dérives langagières, dans les années 90, lors de la guerre en ex-Yougoslavie, à l’encontre de François Mitterrand, alors président de la République, lorsque, comme dans son film "Bosna !" (qu’il présenta au festival de Cannes), il le traita purement et simplement, à cause de son refus de bombarder les Serbes (voir, à ce propos, l’éloquent témoignage de Laure Adler dans "L’année des adieux"), de "fossoyeur de la Bosnie ?

Pis : c’est contre le Parti socialiste même que BHL, dans la foulée de ses très agressives diatribes anti-mitterrandiennes, créa alors, lors des élections européennes du 12 juin 1994, un parti politique, composé d’intellectuels essentiellement germanopratins (auxquels s’était rallié un certain Michel Rocard) et soutenu par sa revue "La Règle du Jeu", portant le très emblématique nom de "l’Europe commence à Sarajevo".

La défaite, certes, fut cuisante pour BHL et cie : 1,7 %, à peine, des voix ! Mais, enfin, le mal ainsi causé au PS n’en était pas moins, pour autant, réel : le peu de voix que cette éphémère liste béachélienne lui enleva lui fut même, à certains égards, fatal, du moins en France.

Ces dégâts alors provoqués par BHL au PS, et par la même occasion à l’image de François Mitterrand en personne, c’est Pierre Bergé lui-même, du reste, qui, heurté par la virulence des propos tenus par ce fougueux "nouveau philosophe", les anticipa, en cette période-là, le premier.

Et ce, en un éditorial au ton non moins véhément, signé de sa propre main et intitulé très significativement "Les donneurs de leçon", qu’il publia, le 25 mai 1994, dans "Globe-Hebdo" (dans le numéro 68, en page 5 pour l’exactitude), hebdomadaire qu’il finançait à l’époque avec ses propres deniers et à la direction duquel il avait nommé Georges-Marc Benamou, l’un des derniers confidents, comme chacun sait, de feu François Mitterrand.

De fait, lança donc textuellement Bergé, en ses "Carnets" de "Globe-Hebdo", à la tête de BHL, qu’il ne portait donc apparemment pas encore autant, à ce moment-là, dans son cœur :

"Si j’ai bien compris, Bernard-Henri Lévy accuse François Mitterrand de lâcheté ! Où est le lâche, et quel est-il ?

Prendre appui sur des militants excités, se saisir d’un micro à la Mutualité et présenter son film sur la croisette dans un festival qui sent l’ambre solaire ne me semble pas faire preuve de courage. Au contraire. (…)

Il ne vient donc pas à l’idée de Bernard-Henri Lévy et de ses affidés que, si tous les chefs d’Etat ou de gouvernement, de droite ou de gauche, de France et ailleurs, sont rangés derrière la position de Mitterrand, c’est qu’il doit bien y avoir une raison. Il ne leur vient pas à l’idée que la politique n’est pas, comme ils le prétendent, la défense des intérêts particuliers, l’abandon des vertus élémentaires, l’oubli de la morale et de l’honneur, mais qu’elle est faite de réflexion où le passé et le présent s’entrechoquent pour construire l’avenir, de possible et d’impossible."

Et, en la circonstance, de préciser sa position, aussi nuancée qu’irréprochable, malgré son irritation, de bout en bout :

J’aime les intellectuels. Grâce à Zola, nous n’avons pas à rougir de l’Affaire Dreyfus ; mais à cause de Céline et de Brasillach, nous devons mesurer notre enthousiasme.

Quant aux louanges à Staline chantées par Aragon, qui les a oubliées ?

Donc les intellectuels n’ont pas forcément raison et Bernard-Henri Lévy, qui a ratissé large, a derrière lui de vrais et de faux intellectuels, de vrais et de faux écrivains.

Sa longue fréquentation des trotskystes lui a appris les vertus du terrorisme. De tous les terrorismes. C’est ainsi qu’il a convaincu Michel Rocard (…) de faire alliance avec lui.

Edifiant, effectivement !

Rencontrer BHL, une mauvaise stratégie 

Entendons-nous : que Pierre Bergé, tout autant que François Hollande, aient, ainsi qu’on vient de le constater, la mémoire courte, voilà qui n’est pas bien grave en soi ; il nous suffira, comme on vient de le faire, de la leur rafraîchir. Et, après tout là encore, tout le monde, y compris BHL, peut s’amender : il n’y a que les imbéciles, comme le dit l’adage populaire, qui ne changent pas d’avis.

Mais ce qui s’avère plus inquiétant, au contraire, c’est que tant Bergé que Hollande n’ont manifestement pas encore compris que cet exorbitant pouvoir médiatique dont jouit Lévy, au sein de l’Hexagone, s’y révèle inversement proportionnel, frôlant même parfois la nullité, à la renommée dont il est le modeste mais bruyant objet auprès des classes populaires comme, chose plus préoccupante pour la très haute estime qu’il a incontestablement de sa personne, des élites intellectuelles.

C’est dire si François Hollande a commis là, en s’exhibant ainsi de manière aussi imprudente (la chose devait théoriquement rester secrète) avec le champion toutes catégories de l’intelligentsia people, et dans un impayable restaurant des Champs-Elysées de surcroît, une erreur tactique, face à son potentiel électorat, de taille : un boomerang, peut-être même aux effets, malheureusement pour lui, aussi imprévisibles qu’incalculables, voire dévastateurs !

Le "Laurent", pire que le "Fouquet's" !

Car la gauche, dont je suis, avait beau railler il y a quelques jours à peine, comme je le fis également moi-même, l’inénarrable Christian Estrosi lorsqu’il ne craignit pas de qualifier le désormais célèbre "Fouquet’s" de "brasserie populaire des Champs" : cet établissement pourtant haut de gamme n’est encore rien, en matière de prix, par rapport à ce "Laurent", restaurant étoilé et haut lieu de la gastronomie parisienne, où déjeunèrent donc en tête à tête, ce mardi 31 janvier 2012, François Hollande et Bernard-Henri Lévy.

Qu’on en juge par le seul menu de base : 165 euros par personne.

Le homard, à la carte lui, s’élève à 98 euros, et une simple glace vanille, en guise d’humble dessert, à 26 euros. Je n’ose imaginer le coût faramineux d’un grand cru de Bordeaux ou d’une bonne bouteille de Bourgogne.

Pour un − François Hollande, en l’occurrence − qui disait, pas plus tard qu’à son meeting du Bourget, aimer les gens et mépriser l’argent, égratignant ainsi au passage le très bling-bling Sarkozy, le voilà, paradoxalement, servi, pourboire non compris !

Le pire, c’est que cet officiel défenseur des faibles et des pauvres n’est même pas gêné : indigne et tout bonnement honteux en un temps de crise, sinon d’austérité, comme celui-ci, où les plus puissants, dont le cynisme n’a d’égal que l’hypocrisie, ne cessent de demander aux moins nantis de se serrer la ceinture !

Mais, rassurons-nous, Hollande et Lévy, en cet historique déjeuner censé réunir "le peuple de gauche" (ce fut là l’indigeste alibi qu’invoqua, pour la cause, le staff hollandiste), n’auront mangé, paraît-il, qu’une très végétarienne (les "verts" et autres écologistes, Eva Joly en tête, apprécieront l’effort diététique) salade de mâche aux truffes : 140 euros, par personne, tout de même !

La gauche caviar revient

D’où, urgente au vu de cette addition pour le moins salée, la question : cette astronomique gastronomie signifierait-elle donc le fatidique retour, au sein du PS, de l’insipide, mais néanmoins toxique, gauche caviar ?

Si oui, je conseillerais alors vivement à François Hollande, candidat à la présidence française, de s’éloigner au plus vite, s’il ne veut pas entamer son crédit (moral, certes, plus qu’économique) auprès du vrai peuple de gauche justement et risquer de perdre ainsi une élection pratiquement immanquable (du moins à en croire les sondages), de ce type, particulièrement contreproductif, de propagande. Le piège politico-médiatique est, du reste, par trop grossier et, donc, relativement facile, avec un minimum de lucidité intellectuelle, à éviter.

Car BHL au PS, c’est un peu comme son ami DSK au FMI : les idées d’une gauche aussi tapageuse que dénaturée, mais le confort d’une droite aussi luxueuse que masquée !

Source : Le NouvelObs

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PatrioteNS Falempin - dans Politique
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